« L’art abstrait permet aux peintres qui ne savent pas peindre de pouvoir faire de la peinture. » Cette citation empruntée à mon père Jean Mortier, artiste peintre de renom dans le milieu du siècle dernier, m’a toujours interpellé. Depuis les années 1950 date de la réapparition des Indépendants de 1884 qui lancèrent sur le marché de l’art pictural les premières élucubrations abstraites, nous nous trouvons désormais face à un produit commercial plus qu’à un produit artistique. C’est le signal pour de nombreux artistes qui franchissent le pas vers une facilité d’expression évacuant totalement la figuration et se donnant à la décoration plutôt qu’à l’art proprement dit. Ces peintres qui n’ont d’artistes que le nom voient dans leur œuvres un revenu substantiel plutôt qu’un espace voué à la technique de l’art. Cette perception d’un néo snobisme voit dans l’art abstrait des nouveaux artistes issus d’une classe de CM1 où les grands maîtres sont remplacés par des maîtresse d’école avides de voir la réussite de leurs moutards. Autre temps autres mœurs me direz-vous. Faut-il donc une deuxième renaissance ? Une période de renouveau artistique qui redonne le droit à l’art normal ? C’est ce qui semblerait arriver à l’école figurative et au mouvement impressionniste. Jean Mortier, mon père semble amorcer ce virage. Peintre paysagiste né à Rochefort en 1908, et décédé à Bordeaux en 1993, élève de Marius Gueit, son œuvre est marquée par une puissante personnalité attachée à l’impressionnisme. Il appartint à de nombreuses sociétés artistiques et exposa à des salons de renommée nationale. Il fut médaillé de l’Atelier 70 et Grand Prix de la ville de Bordeaux en 1982. Il faisait partie de nombreuses sociétés artistiques, tel que, LA PALETTE, LES ARTISTES DE LA GIRONDE, dont il était vice-président dans les années 50. Il était également sociétaire des AMIS DES ARTS de Pau et d’Agen. Son art, sa présence très chaleureuse et sa philosophie légendaire, faisait qu’il était sollicité comme membre d’honneur de nombreuses associations. Depuis 1950, sa vie fut ponctuée par un grand nombre d’expositions et j’ai découvert dans ses archives des articles de presse élogieux. Mon père vécu une grande partie de sa vie à Bordeaux. Ce n’est que vers les années 70, qu’il se retira à Portets en Gironde dans la propriété que j’habite actuellement. Il y avait construit son atelier et ne vouait ses journées qu’a la peinture. Sa production artistique fut phénoménale. Rien que ma collection personnelle se chiffre à plus de 200 toiles. Tout le reste a été donné ou vendu.

Etant reporter indépendant pour plusieurs agences j’ai voulu faire une rétrospective de ses œuvres. C’est ce que je vous propose de voir dans ce film qui, sans être pour autant un hymne à la joie, n’en n’est pas moins un hymne à l’art authentique tel qu’il est défini dans les encyclopédies.

Jean-Philippe Mortier